Visite à La Hague

Le CLIS de Bure  organisait ces jours derniers une visite du Centre de retraitement de "combustible nucléaire usé", d'AREVA à La Hague.
Une quinzaine de ses membres, meusiens et haut-marnais, ont participé à ce déplacement. 

Le site de La Hague, recycle le combustible usé provenant de centrales nucléaires françaises et étrangères ; ce traitement permet d'extraire de ce combustible usé de l'uranium pour 95 à 96%, du plutonium, 1% et il subsiste environ 3 à 4% de déchets ultimes.

L'uranium concentré sous forme liquide est dirigé pour la France vers l'usine de Pierrelatte pour un recyclage ultérieur. Le plutonium est conditionné en boîtes étanches et pourra servir à fabriquer du combustible MOX à l'usine Melox sur le site de Marcoule.

Les déchets ultimes sont vitrifiés et conditionnés dans des conteneurs. Ils sont entreposés sur le site : dans l'attente d'un retour au pays pour les déchets étrangers, et pour la France, dans l'attente de la décision de la Nation. C'est pour ces déchets que s'effectuent les recherches de Bure.

Les usines de La Hague travaillent pour les besoins de l'industrie nucléaire française (moitié) et une trentaine de sociétés étrangères (Allemagne, Japon, Italie, Pays Bas notamment) ; les sociétés clientes restent toujours propriétaires de leurs déchets mais ceux-ci peuvent rester sur le site durant des années, voire des décennies (par exemple l'Italie doit avoir récupéré ses déchets pour 2025...)

Cette activité, installée à partir de 1967, c'est plus de 5 000 emplois directs et quasi autant d'emplois induits. Elle procure également de fortes ressources aux collectivités locales.

Les questions évidemment se posent par rapport à l'impact sur l'environnement, la sécurité, la santé. Le site est fortement sécurisé (barbelés électrifiés tout autour, contrôles fréquents à l'intérieur, photos interdites ... ) ; la surveillance médicale et sanitaire est grande, le contrôle de l'impact sur l'environnement assuré par un service d'une cinquantaine de personnes.

Il en va ainsi du nucléaire, toutes les garanties sont "apportées" , la plaquette d'AREVA affiche "Zéro impact sur l'Environnement",

Pourtant les associations mobilisées  sur l'impact du nucléaire ne partagent pas cet optimisme. Tout dernièrement encore Grennpeace vient de rendre public un rapport accablant sur le centre de stockage de la Manche (CSM dont l'ANDRA vient de célébrer le 40ème anniversaire),  justement voisin des usines AREVA, avec lesquelles il a une cloture mitoyenne: http://energie-climat.greenpeace.fr/la-gestion-catastrophique-du-centre-de-stockage-des-dechets-nucleaires-de-la-manche .

Nous avons rencontré des élus de la CLI (Commission Locale d'Information) sans qu'un véritable débat critique sur ces questions de santé et de sécurité ait pu être entamé.

En conclusion, une visite que j'ai trouvée très intéressante pour un approfondissement de sa culture sur le sujet, mais qui mérite d'être complétée par une réflexion et des échanges contradictoires : 
- les risques liés aux nombreux transports des produits hautement radioactifs,
- le devenir des déchets étrangers,
- la connaisance d'analyses critiques sur le sujet : le conditionnement des déchets HAVL, l'impact environnemental, ...

Il n'en reste pas moins que plus de 2 000 m3 de déchets HAVL français sont aujourd'hui entreposés sur le sol national et qu'à l'horizon 2050 leur volume atteindra environ 12 000 m3 (inventaire ANDRA) auxquels s'ajouteront environ 110 000 m3 de MAVL, uniquement avec les programmes nucléaires lancés aujourd'hui.

Quelle réponse la Nation peut-elle apporter ?